dimanche 25 février 2007

Myriam, tu files du mauvais coton

Plus un pays est dynamique, plus les emplois requièrent de la part des salariés un engagement important. Henri Bergson prônait ainsi "l'élan vital", cette vie qui change tout le temps. Je crois que l'Europe, et la France, qui avaient cette tradition de la quête de la connaissance, de l'amour du changement, du défi intellectuel, sont en train de la perdre. Bien entendu, on peut toujours trouver des satisfactions exclusivement hors du travail. Mais je crois que c'est à terme un mauvais pari. (Edmund Phelds au Monde le 24 février 2007)



Bon ben je crois que je file du mauvais coton les gars ... je ne cherche pas "exclusivement" à côté, mais j'ai perdu mes espoirs en un job 100% du temps superbement intéressant, quand même ... en une seule soirée en traînant sur des blogs amis, j'ai pu voir que Mademoiselle Coco, Ako et Florian se posaient exactement la même question : est-ce qu'on a finalement choisi la bonne voie ? Totalement flippant ... Moi, au moins, je sais que je me suis déjà trompé une fois (rassurée d'entendre que Sébastien-François - je vous rassure, c'est un surnom - avait fait la même chose avec son premier job) et j'ai décidé de revenir à ce qui n'était finalement pas si mal ...

Toujours Miami, plus que pour quelques jours ... je vieillis sérieusement : je préfère Vero Beach à Miami Beach ... finalement, les paillettes, c'est pas pour moi, je suis vraiment une fille de la cambrousse, et si on doit être chic, ça ne doit JAMAIS être tape-à-l'oeil (ou alors je suis déjà une vieille bourgeoise ... lol !)

En ce moment, je dors très mal : je suis chaque fois réveillée au milieu de la nuit par des "cauchemards" ou plutôt des situations oniriques désagréables, genre se faire larguer par des ex ou se faire engueuler par des potes ou autre histoire du même acabi ... j'avoue que la répétition de largage, ça a tendance à me foutre dans un très mauvais état après, car je commence à repenser à pourquoi ça s'est terminé, qu'est-ce que j'aurais pu faire pour changer la donne, bref à revivre chaque instant d'une relation foireuse pour finir par me dire "il avait peut-être des défauts, mais vais-je trouver mieux ?"
J'ai ce sentiment de boule au fond de la gorge qui ne veut pas passer, et je recommence à paranoïer méchant... je crois que j'ai l'explication de cette paranoïa : quand j'étais en classe de Première, j'avais en vue un certain Benjamin et j'avais su par son meilleur ami que le dit Benjamin lui avait dit qu'il était amoureux de moi ... du pain béni donc ... sur ce, je pars en week end prolongé avec mes parents, je fais pêter le vendredi qui suit l'Ascension, pendant que mes petits camarades de classe vont en cours... je m'en rappelle comme si c'était hier : je suis réveillée le dit vendredi à 6h du matin par cette boule au fond de la gorge, je ne suis pas bien, j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose ... j'attends le soir que mes amis rentrent chez eux (on n'avait pas encore tous de portable) , je les appelle pour savoir comment s'est passé leur journée et là j'apprends qu'il y a eu une petite agitation dans la classe (bataille de bombes d'eau je crois - c'était le genre de trucs courants chez nous quand personne n'était en cours) et Benjamin semblait s'être rapproché de la Marion débile de ma classe (rien à voir avec Marionééé chérie qui était avec moi en Seconde et Terminale mais pas en Première) ... week end de merde, retour le lundi, sentiment bizarre avec le Benjamin, renseignement auprès du meilleur pote "mais non, il ne m'a rien dit et il ne peut pas avoir changé d'avis aussi vite", cours de Code le soir, rien que lui et moi, et là je me risque (oui, faut croire que j'adooooore me prendre des vents), je lui demande s'il aime bien quelque de la classe ? oui ... une blonde ? oui... (mais Marion et moi sommes blondes) ... alors je commence : "Marion ?", "non "(yeaaaaaaaaah jubilation intérieure), je fais toutes les blondes de la classe jusqu'à moi, je demande avec un grand sourire et je m'attends à un Oui, j'en suis transportée .... jusqu'à ce que j'entende "non, dsl" .... le drame (surtout le "dsl" qui a touché mon amour-propre comme une flèche ... crétin!) , mais je fais comme j'ai souvent eu l'habitude de faire depuis (bon, ok, à part Ilia où j'ai dû réussir à garder mon calme moins de 4 minutes) c'est à dire que je me blinde, je ravale mes larmes, je fais un grand sourire genre "mais non voyons, je ne souffre pas, pourquoi je souffrerais ??" et je dis "oui, mais bon y'a plus de blonde" (probable qu'il ait alors senti une lég!re irritation ...) ...réponse du mâle: "en fait, tu l'as déjà citée" .... MAIS IL EST CON OU QUOI ? Montagnes russes à nouveau, coeur à 100 000, re-espoir (peut-être qu'il était trop timide pour me le dire ? peut-être que je ne viens pas de me prendre le vent de ma vie avec un gars de ma classe qui pourra le raconter à tout le monde ?) mais pas totalement conne, je ne lui dis quand même pas "ah c'est donc moi BORDEL?", je retourne donc gentiment et prudemment à la charge avec un "C'est donc Marion?" et là, la réponse qui aurait dû mettre fin à mes séances de Code en sa compagnie : "Oui, je la regarde différemment depuis vendredi".
L'histoire voudra que ce jeune homme à la gueule de psychopathe - dixit mes amies, non je dis pas ça pour me venger, n'a jamais rien fait avec la dite Marion - que j'ai continué malgré tout le code et les cours de maths à côté de lui, que c'est lui qui m'a parlé de Sciences Po, que c'est grâce à lui que j'y suis et lui a été pris aussi ... l'histoire voudra qu'il aille aussi à Columbia après Sciences Po, école que j'ai toujours rêvé de faire, pendant que je me faisais chier à Munich ....
Jamais trop compris ce qui s'était passé, pendant longtemps cette histoire fut le symbole de ma "louze en amour" et de mon incapacité à comprendre l'autre....
Cette histoire est aussi peut être une explication plausible à mon angoisse perpétuelle : dès que j'ai un pet de travers, je me dis "ok, c'est bon, tout va mal, là maintenant il est en train de coucher avec une autre, de fantasmer une autre, de prévoir de me virer", parfois ça peut avoir des côtés très drôle après coup - cf une après-midi avec Ad et Juju quand je les ai bassiné 4 heures avec :
"il répond pas chez lui, je te dis qu'il couche avec une nana qu'il a dû rencontrer hier en soirée, je te le dis, c'est sûr, arrête de m'en parler, je les imagine .... et puis en fait si, j'en parle si je veux, MERDE, il couche avec une autre, mais c'est dégueulasse non ? comment ça, je me fais des films ? mais si je te dis qu'il ne répond pas !!! non, il ne fait pas ses courses, il n'a pas oublié sa batterie, c'est sûr il couche ... et puis j'ai cette boule au fond de la gorge, ça veut bien dire ce que ça veut dire ..."
J'apprenais le soir indirectement que le pauvre chouchou avait passé la nuit cloué au lit et le lendemain une après-midi chiante à mourir avec des cathos intégristes ... comme quoi, la boule parfois a tort .... donc oui je suis super jalouse-possessive, et en plus, j'ai tendance à l'être au moins autant APRES une relation que pendant (c'est le symptôme de "faut que je retrouve avant lui" ou "je suis sure qu'on n'est plus ensemble à cause d'une nana" histoire de pas chercher si le problème viendrait pas de moi-même), mais j'ai des circonstances atténuantes (cf supra, oui je considère l'épisode Benjamin comme atténuant)
Bref, tout ça pour dire qu'en ce moment j'ai un sentiment de grosse boule dans la gorge, qui me réveille entre 4h et 6h du mat', que je suis en vacances loin avec mes parents (tu vois la ressemblance de situation), et qu'à part le désormais fameux Benjamin, personne n'est en ligne ce soir (ok il est 5h du matin outre-atlantique mais bon), que je n'ai toujours pas de nom pour le psy qui pourra me sortir de ce calvaire de l'angoisse (je rassure tout le monde, je ne suis pas tout le temps comme ça - il n'empêche, j'ai besoin de quelqu'un pour sortir de cette mauvaise passe) et puis j'ai commencé à me projeter dans mon nouvel appart' et outre la peur de ne pas arriver à gérer le remboursement du prêt, je me pose mille questions sur la couleur du canapé et des rideaux (j'ai tendance à beaucoup me projeter pour des conneries ... je me rappelle avoir fantasmé l'achat d'un balai Swiffer pendant des semaines avant mon emménagement avec Juliette ... oui, je suis grave) donc je me rajoute du stress débile ... sans compter les vraies questions existencielles du style "retourner à l'ancien job, pari fou ou grosse louze ? vais-je parvenir à enfin avoir une vie amoureuse à Paris ? l'Iran va-t-il vraiment nous faire exploser une bombe à la gueule (oui, ça me paraît plus stressant que Swiffer ou le canapé au final, même si mon influence est moindre dans ce cas-là) ? comment ça va se passer avec Sophie, Martin, Juliette, Geo, Clara et les autres ?" Non, parce que je reviens aussi et surtout pour vous, mes amis, et bon, je ne suis pas totalement débile, et je suis consciente que vous pouvez totalement mener votre vie sans moi, que vous avez sans mal trouvé des substitutifs à nos petites soirées parisiennes (les non parisiens seront également plus facilement atteignables), donc finalement, est-ce que je vais me retrouver toute seule devant mon PC dans un quartier pourri du 16e, à me demander s'il vaut mieux avoir un profil Meetic ou Parship pour trouver quelqu'un avec qui parler ? est-ce que je n'ai pas déjà trop idéalisé nos retrouvailles ?

J'avoue avoir en ce moment assez peu de courage : j'ai reçu un pamphlet antiféministe facilement opposable, même si très bien écrit, mais je suis trop fatiguée pour avoir envie de m'y atteler ... et puis j'en ai marre de devoir chaque fois me défendre de mes idées, j'ai l'impression de l'avoir bien trop fait déjà, avec le Turc, avec mes parents, avec tout le monde ... à croire qu'il est difficile d'être une femme libérale, féministe, européenne, religieuse, pro-égalité des droits entre homos et hétéros, qui a peur de la mise en place d'une biopolitique qui pourra tous nous contrôler, qui ne vote pas forcément socialiste ni ump, qui ne considère pas qu'il n'y a plus aucun espoir pour l'Afrique, qui n'est pas anti-américaine, et qui essaie, malgré tous les obstacles, de conserver encore quelques rêves ...

Je pense que tu seras content, Ako, j'ai écrit une tartine très personnelle ce soir ...

2 commentaires:

Mademoiselle Coco a dit…

Je cite :

"comment ça va se passer avec Sophie, Martin, Juliette, Geo, Clara et les autres ?" Non, parce que je reviens aussi et surtout pour vous, mes amis, et bon, je ne suis pas totalement débile, et je suis consciente que vous pouvez totalement mener votre vie sans moi, que vous avez sans mal trouvé des substitutifs à nos petites soirées parisiennes (les non parisiens seront également plus facilement atteignables), donc finalement, est-ce que je vais me retrouver toute seule devant mon PC dans un quartier pourri du 16e, à me demander s'il vaut mieux avoir un profil Meetic ou Parship pour trouver quelqu'un avec qui parler ? est-ce que je n'ai pas déjà trop idéalisé nos retrouvailles ?"

Et je n'ai qu'une chose à dire : "ARE YOU PUTAIN DE BORDEL DE MERDE FUCKING KIDDING ME ??!!?"

Mademoiselle Coco a dit…

Et ne t'avise pas de ne pas publier mon commentaire sous prétexte qu'il est grossier, je prendrais ça pour un affront personnel doublé d'une mauvaise foi flagrante...